Comme se meurt le jour aux lèvres d’un soupir

Ainsi s’en vont le temps et ses pages de paille

Lorsque de nos amours un dernier mot tressaille

Devant un cœur éteint et prêt à s’assoupir.

 

Quelques trésors jaunis que nous laissons croupir

Dans des trous de mémoire où rouille la grenaille

Ternissent le soleil d’une bulle d’écaille

Qui coule sur la joue où tout vient se tapir.

 

Nos mains laissent glisser les mèches de notre ange

Et nos yeux amaigris que le sommeil démange

Perdent de leur éclat la belle profondeur.

 

Puis nous nous en allons le long de notre vie

Pauvres, nus et perdus hors de notre exuvie

Comme des hannetons qui cachent leur laideur.

 

Francis-Etienne Sicard Lundquist

Griffes d'orties@2014

 

 

 

 


Publié le 23/09/2025 / 5 lectures
Commentaires
Publié le 25/09/2025
Ton poème est d’une chancelante et profonde mélancolie. C'est très compliqué de sublimé des émotions pareilles, et tu y parviens avec une facilité déconcertante. Tout semble s’achever alors que l’on se fait surprendre par l’exuvie qui semble offrir une seconde chance. Il y a ce que l’on n’a pas su être, et l’indicible espoir de faire bien mieux. Un beau partage, merci Francis-Etienne
Publié le 26/09/2025
Merci beaucoup Léo pour cette lecture et son impression. La mélancolie est un thème que m'attire et me parle. J'en ai développé les grandes lignes dans le Voyage bleu mais j'y reviens assez souvent en poésie, car ce thème est un des sujet favoris des grands poètes, surtout ceux du XIX éme siècle, comme Lamartine ou Baudelaire. Il semble bien que la mélancolie soit omniprésente dans l'expression lyrique. Comment en définir ses aspects, et surtout de quelle nature est-elle? Elle paraît bien en premier lieu être liée à la mémoire. On n'est pas mélancolique sans un regard sur le passé. Et c'est en cela que je la trouve captivante. Tout ce qui touche à la mémoire m'interroge. Elle est aussi une souffrance sans douleur. On se complaît d'ailleurs en elle, en exprimant (du moins en littérature) un sentiment de plaisir que l'on prolonge indéfiniment, comme ces musiques que l'on aime à écouter "en boucle", et ces images que l'on regarde dans des livres d'art ou de dessins. L'art pictural connaît aussi l'expression de la mélancolie. Les regards fuient ou se fondent dans la rêverie, les corps se figent dans l'immobilisme et les éléments même de la nature semble assombrit dans un sommeil propice au silence et à la méditation. Les préraphaélites, ce mouvement contemporain d'Oscar Wilde, en montre de très nombreux exemples comme Dante Gabriel Rossetti ou Edward Burne-Jones. Leur nostalgie du moyen-âge et de l'antiquité, en quête de la définition du beau (mouvement esthétique) est la substance même de l'expression de la nostalgie. Mes années londoniennes ont été très influencées par cette sensibilité de par mon amitié avec un éminent spécialiste d'Oscar Wilde et de son temps. La poésie si particulière de ce mouvement est d'une extrême beauté. Je pense par exemple à John Ruskin dont Proust traduisit et commenta la Bible d'Amiens...On est proche alors de fermer le cercle autour de l'expression de la nostalgie. Merci Léo, tes lignes ont extrait un grand morceau de mon passé pour mon plus grand plaisir. A tout de suite, en amitié, Francis-Etienne. Des nuages en lambris étirés par le vent Brisent à leur pénombre une flamme d'évent.
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