Duplex depuis Zaventem !

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          Le journaliste, pour ajouter du réalisme à son reportage, parle en direct depuis Zaventem où rien ne se passe, mais où quelque chose s'est passé. Il nous raconte qu'un drone a été vu !!! Il n'utilise pas le subjonctif, le drone a été vu à l'indicatif. A l'heure où tout le monde photographie tout, on est un peu étonné qu'il n'étaye pas ses dires par une photo - même mal foutue où on ne verrait pas grand-chose, un p'tit truc quoi, pour ajouter du classicisme à la séquence journalistique, on n'est pas difficile -, mais non, il faudra se satisfaire de sa parole.

          Le planton à Reyers lui demande d'une voix préoccupée, inquiete, presque terrifiée si on sait qui pilotait l'engin mentionné. "Tous les regards se portent évidemment vers la Russie" répond le reporter en direct du parking minute de l'aéroport, trop content d'avoir quelque chose d'un peu croustillant à raconter. Il est probable que ses parents le regardent, peut-être aussi sa petite amie, alors il prend le ton qu'il imagine qu'un reporter de guerre prendrait. On en parlera encore, durant des années, lors des repas du dimanche en famille, de ce 19h30 où Jean-Christophe assura un duplex en prime time !

          "Tous les regards se tournent vers les Russes car il s'agit du même modus operandi qu'à Kleine-Brogel ou encore en Suède, à Copenhague et même en France... " assène-t-il. On aimerait comprendre... Pourquoi la similitude de méthode incriminerait-elle plus la Russie qu'un autre pays puisque jamais encore lors des précédentes observations de drones, il n'y eut, sans même parler de preuves, d'éléments probants étayant la culpabilité du Kremlin. L'envoyé spécial des courants d'air enfonce le clou "... et comme en Pologne où là, il s'agissait sans le moindre doute de drones russes". Oui, en Pologne, les drones étaient russes mais ce n'était pas du tout le même "modus operandi". En Pologne, il s'agissait de drones leurres du genre de ceux qu'on envoie spécifiquement en même temps que les drones d'attaque afin que le système anti-aérien soit leurré, justement. Or en Pologne, aucun drone d'attaque n'avait été retrouvé. Ce qui fit conclure à propos de cette affaire rocambolesque que l'hypothèse la plus crédible restait que les Ukrainiens aient réparé des drones leurres russes récupérés lors d'attaques antérieures et les aient ensuite renvoyés sur la Pologne espérant ainsi déclencher l'élargissement du conflit.

          Bref, on ne voit toujours pas, en définitive, le moindre élément qui désignerait la Russie comme organisateur de ces mystérieux survols de drones à Zaventem. Notre Tintin sans son Milou lâche son dernier argument : "Il est certain en tout cas qu'il s'agisse d'une opération étatique car elle a été organisée de façon très sérieuse, ce qui désigne encore la Russie. " Ah bon ? Il existe quand même 196 autres états dans le monde. Pourquoi justement la Russie ? et il existe aussi des systèmes non étatiques bien organisés. Je pense au lobby du tabac, à l'industrie cinématographique américaine ou aux Trusts tel Amazon, Google ou Apple, ou encore éventuellement aux divers services secrets, par définition pas vraiment étatiques, (Belgique, GB, USA, OTAN). En conclusion, rien, absolument, rien ne permet d'accuser la Russie.

          Après ce sketch dont la drôlerie surpasse largement la rigueur, je retiens qu'en haut lieu, on pense des Russes qu'ils sont sérieusement organisés et peut-être aussi que, vu l'absurdité du reportage au JT, on est en droit de penser l'inverse de nos "journaleux".


Publié le 10/11/2025 / 2 lectures
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