Le jour où Jésus m’a fermé la porte
(Chronique d’un matin férié)
Il y a des matins où la vie vous joue des tours.
Ce matin, persuadé d’être un jour ordinaire, je suis sorti vers 8 h 30, l’esprit vif, le cabas à la main. La rue était étrangement calme.
Je me suis dit : « Tiens, les gens dorment encore. »
Pas découragé, j’ai continué mon périple, décidé à remplir mon frigo et ma journée.
Mais en arrivant devant porte close, j’ai compris qu’il se passait quelque chose d’anormal.
J’ai regardé l’heure : non, il n’était pas six heures du matin. Le jour était bien levé mais tout le reste dormait.
C’est alors que j’ai réalisé : Jésus-Christ ! On est le 11 novembre !
Un jour férié. Tout simplement.
J’ai rebroussé chemin, un peu penaud, un peu stupide de m'être bien préparé, bien habillé. J'ai atterri dans mon lit : la gravité mon beau seigneur !
Ce soir, je ressortirai pour le concert à la Comédie ; la planète aura repris son mouvement.
Quelle étrange sensation que celle de trouver le vide partout sans comprendre.
C’est vertigineux, parfois, de vivre sans savoir quel jour on est.
Nom d’un chapelet, je n’en reviens pas !
T’as quand même l’air bête de te faire avoir par un jour férié.
Ça n’arriverait pas à un cégétiste !
À un retraité dans la lune, oui… c’est compréhensible.
J’espère que personne ne m’a vu.
Sinon, ça va jaser !