Le monde des ombres et des spectres maléfiques dans cet entre deux-mondes de désolation tel que décrit dans ton texte. Cela fait froid dans le dos. Excellemment écrit, toujours à la frontière du réel et de l’irréel, avec une bonne dose de fantastique. Un pied dans chaque monde et les transports (aéroport, métros) en sont les seuils, et tu en es en qualité d’écrivain le gardien, qui permet à ses personnages d’évoluer ou non.
C’est toujours extrêmement difficile à vivre les conflits car ils opposent aux autres et que l’on penserait bien. Je crois que la majorité d’entre eux reposent sur des divergences de point de vue ou de compréhension et peut-être que la seule façon de les régler c’est de ne pas partir de sa posture mais sur celle des autres pour aller leur parler sur leur terrain, sur leur logique, ce aûils comprennent et comment ils le comprennent (voir même pourquoi), sur leur ressentis et émotions, leurs intérêts, envie… il y a énormément de paramètres qui diffèrent et tout autant de raisons de ne pas se comprendre et donc s’entendre. Et si aucune partie ne souhaite faire l’effort de se mettre à niveau de compréhension des autres, alors le conflit aura peu de chance d’évoluer favorablement. Einstein disait un truc du genre « quelle folie que de reproduire les même choses et de s’attendre à un résultat différent ». L’innovation et l’évolution s’appuient je pense sur des alternatives et variables différentes. A noter que les alternatives ne sont pas QUE celles que les deux parties ont exprimées, mais peut-être celles qu’il reste à identifier ou découvrir. La curiosité (de l’autre, des champs exploratoires), l’empathie et la communication sont je pense le triptyque qui peut solutionner bien des situations.
A bien regarder la vie, on y trouve toujours des motifs d’espoirs et de gratification, car ce qu’il y a de plus beau dans ton texte, c’est la gratitude que tu exprimes.
La guérison est un long processus qui peut prendre des années en effet. Mais il est accéléré grâce aux preuves d'amour, de soutien, de compréhension. Merci pour ce bon moment, et ce conseil Léo. À plus tard.
Merci Loscrivo
En écho, un murmure de plus :
Je me suis toujours demander où passent ces tonnes de crème solaire que l’on lui offre, chaque été, comme une offrande étrange
à notre culte du bronzage.
Elle, la mer,
on s’y jette dedans
le corps huilé, pressé d’être doré,
et l’âme en vacances.
On s’y lave de nos vies pressées,
et on lui laisse au passage
nos traces invisibles :
des filtres chimiques,
des substances aux noms indéchiffrables,
des micro-particules qui dansent
jusqu’au ventre des méduses.
On se veut protégés des rayons,
mais qui protège la mer
de nos protections cutanées ?
Qui racontera un jour
la lente suffocation des coraux,
la peau brûlée du plancton ?
Depuis plus d’un siècle,
on y déverse nos routines beauté,
nos progrès cosmétiques,
nos illusions marketing.
Tout ce qui nous rend “plus beaux”,
et qu’on abandonne
dans ce bleu qu’on dit éternel.
Et si quelqu’un, quelque part,
osait un jour nous dire
ce qu’on a vraiment laissé couler ?
Sujet qui nous touche tous. Être aimé pour ne pas être seul. Cette soif est perpétuelle jusqu'à s'y perdre. J'aime la fin délicate comme si la plaie avait finit par se refermer.
Le pardon ne se substitue pas à la justice. Et la justice ne conduit pas non plus necessairement au pardon qui peut libérer. Si tu as l’occasion de le voir je te propose « Je verrai toujours vos visages » qui aborde la question de la justice restaurative qui passe par le dialogue et la compréhension. Car les victimes ne vont pas forcément mieux après une condamnation, et les coupables ne comprennent pas forcément plus la gravité et l’impact de leurs actes. Une fois de plus les mots semblent indispensables dans tout processus de reconstruction. A plus tard Lucie et bon courage car il en faut toujours beaucoup pour se relever de ce qui a profondément blessé.
Si le besoin nous amène à dépendre des autres c'est peut-être parce que nous sommes des éternels insatisfaits, toujours en quête de désir, comme le dit Hobbes, bien qu'il soit, selon moi, plutôt lié à un manque contrairement à ce que dit Hobbes en rattachant le besoin à la recherche continuelle de bonheur. Quant à Kant il a également questionné le pardon (justement !) en le percevant comme un devoir moral de respecter autrui, et ce quel que soit ce qu'il a fait. La notion de pardon appelle celle de justice, à mon sens, car un égo se sentant attaqué souhaite que son agresseur soit puni. En voulant exister l'égo s'est retrouvé fragilisé. C'est un peu le prix à payer je pense. Me concernant, je suis un peu la philo, mais actuellement je suis en linguistique, sur l'utilisation du mot "spectaculaire" qui me dérange lorsque l'on parle de "chute spectaculaire", car, certes la chute est impressionnante, mais dans ce mot on retrouve aussi la notion de "spectacle" qui est le fait de regarder ce qui attire notre attention. Or, une chute n'est pas un spectacle, d'autant plus si elle est grave, comme le fait de regarder, avec le sourire, quelqu'un se faire harceler. Bref, cette proximité (pourtant l'étymologie est différente) me dérange, et m'intrigue.
Pleinement, je suis dans une phase philo dans laquelle toutes les notions me passionnent et comme chaque notion en active de nombreuses autres en cascades… J’ai travaillé il y a peu sur la notion du besoin, et l’on s’aperçoit que souvent les besoins nous emmènent à dépendre des autres ce qui a alerté Rousseau, et Kant questionnait quant à lui la question de la liberté, et il y a aussi Hegel sur la reconnaissance. C’est encore comme souvent chez l’humain, une histoire de paradoxe : plus on souhaite exister et plus on s’expose au risque de ne plus être soi… et de nous perdre dans cette quête.
Commentaire pertinent, auquel je rajoute que, effectivement, le pardon est plus ou moins facile à accorder en fonction de ce que la personne a vécu, mais quand on la blessé au point de lui retirer son identité (comme c'est le cas ici) le pardon me semble plus difficile à mettre en application. En tout cas le débat autour de cette notion est très intéressant !
Oui, c’est juste 90 pages. Et c’est un super réveil sur un nuage. Trop mignon et il n’y a pas d’âge pour un conte. Je découvre tout Michel Tournier. Lorsque j’habitais Paris, je recevais des appels, du courrier et même un scénario de film. Ils voulaient faire un film d’après son roman « Vendredi et les limbes du pacifique » :-)